Idée reçue invalidée (?) : la violence dans les jeux vidéo n'a pas d'effets particulier sur les joueurs

Giclées de sang, épées, fusils et autres “head-shot”, tant de façons de mourir pour si peu de temps… Le virtuel et les jeux vidéos travaillent pourtant depuis longtemps sur les possibilités de tuer le joueur. Un étudiant en psychologie, qui s’est posé la question de la transposition de la violence virtuelle vers le réel, n’a pas fourni une réponse trop prévisible et soulève quelques interrogations.

Au Canada, un étudiant en psychologie, Paul Adachi, s’est intéressé à l’impact de la violence des jeux vidéo sur le comportement plus ou moins agressif des joueurs. Soyons honnêtes, il ne s’agit là que d’une analyse préliminaire, sur un panel restreint de 50 joueurs agés de 17 à 19 ans, et sur des séquences de jeu de 15mn. Néanmoins des questions se posent, notamment quant à la compétitivité, terme cher à notre société si réelle…

Ses premières conclusions montrent que le lien entre un comportement agressif et la pratique du jeu vidéo, même violent, n’est pas avéré. Peut-être est ce un raccourci pour débouter les personnes qui assimilent le massacre du lycée de Columbine à la violence des jeux préférés des ados à l’origine de ce massacre ? Peut être est ce une manifestation du côté pacifiste des canadiens comme aime à nous le faire croire Mickael Moore (lorsqu’il se balade d’une rive à l’autre de l’Hudson pour démontrer ainsi que les gens ne sont violents que d’un côté…) ? Ce qui est intéressant est qu’il introduit d’autres facteurs : compétitivité, niveau de difficulté et rythme de l’action.


Il déclare : “Chacun de ces traits pourrait potentiellement conduire à l’agression – une intention de nuire à une autre personne – par la promotion de pensées et des comportements violents, en incitant les sentiments de frustration et d’hostilité, et par l’augmentation de la fréquence cardiaque et la pression artérielle.” [… ] “Un des problèmes, avec de nombreuses études antérieures reliant les jeux vidéo violents à des comportements agressifs, est qu’ils n’ont pas isolé la violence”.

Son protocole : utilisation de deux jeux vidéo différents et mesure des changements au niveau du rythme cardiaque et de la pression artérielle. Les jeux en question : Fuel (jeu de course) et Conan ( jeu d’action). En effet, il a sélectionné avec soin 2 jeux de caractéristiques (concurrence, rapidité, difficulté) similaires mais avec un niveau de violence différents. Au bout des fameuses 15mn, il a vérifié le rythme cardiaque et la pression artérielle de chaque protagoniste, les joueurs d’un jeu violent ou non-violents. Les résultats, rapportés par “The Standard” (1),  montrent que les deux jeux auraient provoqué un même degré d’agressivité.

Ce qu’il a trouvé peut être surprenant : Conan et Fuel produisent des niveaux équivalents de comportement agressif. “Il semble que le contenu violent seul ne suffit pas à augmenter les comportements agressifs des joueurs“, dit Paul Adachi. Bien sûr, il ne veut surtout pas dire qu’il recommande à des adolescents de jouer à des jeux vidéo violents (évidemment…) car il pourrait ainsi y avoir d’autres facteurs négatifs, notamment une désensibilisation à la violence, mais ce n’était pas dans le cadre de son étude.

Sa prochaine étape consiste à répéter l’expérience et à isoler la compétitivité. Lorsqu’on diminue la concurrence, les joueurs deviennent ils moins agressifs ? Faut il à la fois de la violence et de la concurrence pour augmenter l’agressivité ? Peut-être pas ? Quels autres facteurs influent sur le comportement violent ? Et comment interagissent-ils ?

Il y a encore  beaucoup de questions à se poser. D’après l’article, sa prochaine étude concernera au moins 80 participants, de 17 à 19 ans, et quatre jeux vidéo. Deux qui sont égaux en violence, rythme et difficulté ; et deux qui sont égaux dans la non-violence, le rythme et la difficulté : la seule différence sera le niveau de compétitivité.

“Nous avons passé tout notre temps à assimiler que c’est le contenu violent qui rend violent”, dit-il. “Maintenant il est temps d’examiner d’autres caractéristiques du jeu vidéo.”

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